Polar du Sud
Portrait de soir avec homme D’habitude, le soir, ça tombe… C’est usuel. C’est l’expression qui le veut. Et pourtant, le Almodovar, il le relève le soir. Son expression à lui, c’est d’y mettre de l’air, au soir. Il le sort de son fossé. C’est son truc.. Il s’y met un peu l’air de rien. Dans un tunnel de silence. Avec son œil aplati, il donne des formes au soir. Il met un peu des halos brumeux et aussi des papillons amputés. Et puis des arêtes avec des fils qui jouent le caravansérail aux Portes Sultanes. Même quelques lettres orphelines qui buissonnent dans les rues. Et parfois, s’épouillent. Aussi, il croise et décroise des silhouettes. Des passe murailles qui ont le crâne tout peinturluré de cadavres pas ragoûtants du tout, d’énigmes poisoneuses, de flingues vernis et de jetées biscornues. Avec un peu de houle à l’âme. Vagabonde, la houle… Ensuite, il met du bleu vieux et des anges d’orange. Comme pour le rassurer, lui ou le soir. Ca lui donne une prestance. De l’allure quoi. Et tout le soir, il le trempe à la faim, dans un philtre de son Marseille qui sent bon le bouillon. Ca donne du blanc et des revers… Et des points de fuite. Oui, la fuite. Et ça l’éclaire son soir. D’un rien de liberté, au large. Presqu’on lui mettrait un chapeau à son soir. Comme pour lui dire, Merci Almodovar… François Lachaud, septembre 2008.